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Le monde avec Fanya, Ivo & Marsu
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5 février 2008

De l'eau au Niger..... et du froid!

Bonjour tous

Bon celui qui croit qu’au Niger il n’y a que du sable, il ne se trompe pas beaucoup. On en trouve un peu partout, au bord des routes, dans les jardins, dans les villes, dans les villages, devant les maisons, dans les maisons, et surtout dans le lit. Le sable est accompagné par plus petit que soi, de la poussière. Là où le sable ne va pas, on trouve de la poussière : sur les vêtements, sur les meubles, sur la vaisselle, dans l’ordinateur, sur les rideaux. Le cauchemar de la ménagère moderne se synthétise parfaitement dans la passage d’index sur une surface quelconque à l’intérieur de la maison, une scène de publicité dans laquelle la ménagère pousse un hurlement, gros plan sur le visage décomposé, le doigt sali. Pourquoi tout ça? Juste pour dire que c’est l’hiver (oui ici aussi), ou plutôt c’était l’hiver jusqu’à hier, c’est à dire des nuits froides et du vent durant la journée charriant nos deux comparses ci-dessus nommés. Jusqu'à hier parce que hier il a fait chaud, pas de vent, et que aujourd’hui il fait plus chaud encore. Pas bon signe, car si ça continue, ça annonce une saison chaude avancée d’un mois. Ce qui n’est pas rien quand vous êtes une salade plantée dans du sable et que vous avez déjà la langue qui pend (image destinée à vous faire sourire, je sais c’est moyen), ou bien plus simplement un nigérien perdu dans sa brousse. Ou un expatrié, sauf que là, votre seule angoisse est de savoir si la clim sera installée avant les fatidiques 50°. N’allez pas croire que nos soucis de clim nous empêchent d’avoir de la compassion pour ceux vont devoir faire face aux problèmes à venir. C’est juste qu’on compatit aussi bien au frais que au chaud, si vous étiez à notre place vous auriez le même raisonnement. Bon ce texte est un poil ironique, c’est vrai.

Plus agréable, nos problèmes de chaud ne vont pas faire oublier vos problèmes de froid (québécois et franco/suisses même combat, on va chipoter sur les 20° séparant vos beaux pays), quant à ceux qui sont planqués sous les tropiques, no comment, vous avez des plages et des cyclones, ça vaut laisse de quoi vous plaindre. Bon, ça cause pas beaucoup du Niger cette affaire là. Passons à notre famille de joyeux allumés. A cette heure ci, Fanya attaque sa deuxième heure de sieste, Chantal prend en photo des sacs de riz pour une donation, et Yves se bat avec le clavier de l’ordinateur pour pondre un texte.

Parlons du week-end, celui où on se pinte joyeusement en boite de nuit. Nous, on est tous partis en ville, un petit tour à Maradi, faire les courses bien sur, mais aussi s’aérer les neurones. Maradi on l’a déjà dit (sans doute) est à 40km du Nigéria, donc beaucoup de commerces, donc beaucoup de véhicules (promis un jour on fera une série camions), beaucoup de pollutions et de garces (vous savez, ces (jeunes…) filles qui font commerce de ce que la nature leur a laissé en dépôt-vente …). Donc pas une des villes les plus agréables, mais au moins il y a des choses à voir, marchés sur-animés, rue qui débordent, vendeurs de beignets, d’essence, de tongs, de bananes, etc… Il faut savoir que dans les rues, 90% des vendeurs sont des hommes. Il y a des jeunes filles venues de la campagne qui vendent des fruits ou beignets empilés sur la tête, mais sinon, ce ne sont que des bonhommes. Chacun en pense ce qu’il veut, mais ça reflète sans doute quelque chose …

Donc Maradi : on a fait nos courses, hop hop, produits français (il n’y a que ça, la joie de trouver des produits Intermarchés, vous imaginez pas …), et ensuite samedi, ballade. On a sauté dans le 4x4 pour aller 20 km au sud de la ville, sur la route du Nigéria justement. Bifurcation à droite, on passe devant une briqueterie. Les briques creuses, comme on a chez nous, c’est bien, c’est de la terre cuite, ça isole bien, c’est léger, c’est un matériaux recyclable. Pour un coin comme ici c’est génial. Sauf que … ben oui, c’est l’Afrique, alors on trouve toujours au « sauf que… », donc sauf que 1/ ça coûte cher comparé au système local, 2/ ici on construit avec du banco, brique en terre crue qui fond sous la pluie et 3/ lorsqu’on construit en parpaings (les québécois se débrouilleront pour traduire –« briques de ciment »), on les fabrique sur place et on n’a que le ciment à transporter, donc moins cher que le transport de briques. Donc on est passé devant la briqueterie, et paf dans la forêt : des arbres de Gao (?) éparpillés de 15/20 m de haut, des cultures en jachère en dessous. Le bonheur après nos paysage de Mayahi, de bosses de sable avec deux arbres et du mil. On avait l’impression de changer de pays, si si je vous promet. On passe devant un village de Touaregs : ils sont là depuis des années, un village avec des huttes de paille mais des greniers en terre. Assez beau à voir, on aurait dit un campement de scouts. Passage dans le sable du Goulbi (rivière n’existant qu’en saison des pluies) à coté de l’ancien pont datant des colonies : il s’arrête au milieu de la rivière, le talus de descente emporté par l’eau, rouillant tranquillement pendant que les véhiculent s’ensablent en contre bas. Bouh, c’est long ce texte!!! On va accélérer un peu. Toujours les arbres, des jardins irrigués, des charrettes, et hop, Madarounfa. Facile, c’est le seul lac du Niger, et la forêt c’est l’ancienne forêt verdoyante et tout et tout, préservée au mieux maintenant. Le village est gros, planté au bord de l’eau, avec ce qui ressemble à des fromagers énormes. Des cultures au bord de l’eau, des cannes de mil empilées sur 3m de haut, une superbe mosquée, des petits commerces. Maisons de banco sombre, toits de tôle, terre battue au sol. Il faut savoir que dans ce pays, on n’ose pas trop descendre avec un appareil photo et mitrailler tout autour de nous. Disons que ce n’est pas bien perçu par la population. D’où l’absence systématique de photos de villages, des gens. Alors faites travailler l’imagination. On roule encore, et on arrive dans un second village, plus petit, plus intime, tellement qu’on passe pas dedans, qu’on traverse un champs de mil, on pousse les bororos qui trainent (grosses vaches locales avec grandes cornes) et on stoppe au bord de l’eau. Le blanc aime l’eau, surtout dans un pays sahélien. De nouveau de superbes jardins verts, oignons, tomates, salades, une sorte de courgette. L’eau est à 1,5m maximum, pas trop compliqué pour l’arrosage. Quand on voit que dans notre coin il y a des puits à 50, voire 80m, je vous laisse imaginer la corde. Promis un jour il y aura des photos. Nous on part en vadrouille, appareils photos au coup et bébé au poignet. Pour la première fois on n’est pas pris en escorte par les 250 enfants du village, génial le calme. Donc le lac, des poissons. Au dessus des poissons, des pêcheurs. Bouh les fourbes. Ils placent des lignes, et pour les relever, ben ils se vautrent sur leur énorme calebasse (environ 60cm de diamètre, pas la peine de demander, on en ramera à personne), se laissent flotter dessus et se déplacent avec. On a essayé de faire un photo, mais on s’est fait repérer et le gars n’était pas content. Mais c’est marrant à voir. Sur le bord du lac, ils taillent des briques en terre crue, là il y a des photos, on a jamais vu une brique porter plainte. Le lac fait environ 2km de long, maximum un de large. Au milieu une île, toute en longueur. Il y a 99 tombent de saints disséminées dans le coin, 3 ont été envoyé par ici par Mahomet, avec pour devoir de fonder un village. Les 96 autres, on ne sait pas d’où ils viennent. Sur 99 tombes, on en a vu aucune. Elle doivent se cacher.

Avec le vent, on avait une atmosphère bizarre, un peu brumeuse, sauf qu’il s’agissait de poussière en suspension d’en l’air. Un super bol d’air, un coin vraiment reposant, le simple fait de voir de l’eau en cette quantité, c’est super. Surtout on a pu faire de la photo en toute tranquillité, ce qui n’est pas rien non plus. Un appareil photo, c’est un peu comme une arme, tout le monde se sent menacé, et un voyage, c’est une relation de confiance et pas de conflit. Donc pas de photos.

Ici on est continuellement vus, observés, c’est à dire que même au milieu de 2000 personnes, on est pas invisible. Au contraire. Voyager, ça veut dire qu’on vous voit, tout le temps, qu’on vous observe, vous suscitez la curiosité, la moquerie, car ici plutôt que de la craindre comme chez nous, la différence fait rire. Se promener dans un marché, ce n’est pas une promenade classique. Tout le monde vous regarde, vous salue, les enfants vous suivent (et avec Fanya, c’est le top), on vous vend tout ce que vous regardez, tomates, oignons, poivrons séchés, herbes médicinales, pneus de vélo, … Ce qui est drôle c’est le gars qui vous vend un truc ingérable, genre une citrouille de 10kg en jurant que vous faîtes une bonne affaire. Quand on veut négocier avec 10 personnes autour de soi, le vendeur est aussi mal à l’aise que l’acheteur. Vous attendez votre chauffeur (ben oui, on a un chauffeur) devant un magasin, c’est cinq enfants des rues qui attendent que vous donniez quelque chose. Plus le lépreux, le manchot, le cul de jatte, la vieille (pas péjoratif, c’est une grand mère). C’est tout le temps, et il faut faire avec. On le sait dés qu’on accepte de venir, on le sait dés qu’on met les pieds dans la rue. Ça fait parti de notre voyage : ici on existe en quelque sorte aux yeux des autres, en bien ou en mal, et il faut l’assumer, rester aimable, même quand vous répétez « non » pour la dixième fois à un mendiant. Je vous rassure, on donne aussi, on a une conscience. Comme tout le monde, on donne, c’est un des piliers de l’islam. Pas aux enfants, mais aux vieux, aux handicapés. Les enfants, on leur paye des bananes, on leur refile nos bouteilles vides (ils les revendent), on leur fait porter un carton jusqu'à la voiture et on leur file 100 francs.

Pas toujours évident, il arrive qu’on soit fatigué, qu’on ait pas envie de supporter le vieux qui baragouine pour une pièce, le vendeur qui vous vend un sabre Touareg vieilli en cave, et des beaux masques, des cigarettes, des tomates, le taxi qu’il faut négocier, l’argent en nickel, et toutes ces choses qui font qu’il vaut mieux alors rester dans son coin, regarder un film (Bourvil?), écouter sa musique des jours pas glop, penser à un gratin Dauphinois, du pâté de tête, des éclairs au chocolat, un bon vin rouge.

Le tout, le bon et le moins bon, font qu’on a envie d’être ici et pas ailleurs, même si ça veut dire qu’on doit être loin de vous, famille et amis. Ça nous coûte, il faut pas croire que c’est tout les jours facile, et on a difficilement la solution du week-end chez la famille ou bien les copains. Ces choses là c’est aussi le prix qu’on est prêt à payer et qu’on vous fait payer par la même occasion. Tout ce qu’on espère, c’est qu’au fond ça en vaille la peine. Et ça, on en est certain.

Bises à vous tous, on pense à vous.

Promis, la prochaine fois un texte moins sérieux. Surtout que Yves prépare un voyage de trois semaines du Niger au Sénégal via le Mali (par la route!!!), alors ça devrait donner quelque chose.

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Commentaires
S
Yves, Chantal, Fanya : c'est toujours bon d'avoir de vos nouvelles. Malgré le sable et autres désagréments, vous voyez du pays ! et vous nous en faites profiter, alors merci. C'est vrai qu'ici c'est très beau, mais c'est jamais qu'un caillou au milieu de l'Ocean Indien. 2512 m2 pour être précise ! Bref, et c'est vrai qu'avec la chaleur et mon gros bidou, je me traine un peu. C'est juste que pour moi, plongée et rando ça sera pour plus tard... mais je ne me plaint pas, Clément non plus : on a la vie douce. <br /> Yves, quand est-ce que tu laisses tes deux femmes pour ton périple Sénégal + Mali ?<br /> gros bisous à vous 3<br /> Sophie et Clément, planqués sous les tropiques
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